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Dans une déclaration au vitriol le premier juin dernier, l’opposant Maurice Kamto a alerté sur une passation de pouvoir de «gré à gré» en gestation dans le régime Biya.
L’opposant soulève une fois de plus la question de la succession à la tête du Cameroun, avec l’hypothèse d’une passation de pouvoir dans le clan de Paul Biya, alors que le pays est durement affecté par la pandémie de coronavirus, le sujet s’invite encore au cœur des débats.
Je puis vous dire aujourd’hui que les choses se précisent. Les artisans du gré à gré sont plus que jamais à l’œuvre. Par ce biais, ils veulent accélérer le cours de l’histoire à leurs fins, au mépris de toutes les règles démocratiques de dévolution du pouvoir et des souffrances du peuple camerounais, je voulais dire de vos souffrances
Maurice Kamto
L’opposant qui dénonce toujours le “hold up électoral” à la Présidentielle d’octobre 2018, dans laquelle il a été classé deuxième selon les résultats officiels, met en garde le régime de Biya.
Qu’il soit clair pour tous: nous n’accepterons jamais aucune forme de succession de gré à gré à la tête de l’État
Maurice Kamto
Le Cameroun vers une succession de gré à gré ?
À 87 ans, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, dirige le Cameroun malgré les violentes crises qui le déchirent, dont la plus meurtrière est le conflit séparatiste dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.En plus de cette situation conflictuelle, une bataille sans merci pour la succession à la magistrature suprême qui agite la sphère politique dresse les Camerounais les uns contre les autres.
Interviewé dans une chaine française, le président de la république camerounaise avait affirmé qu’il n’y avait pas de “dauphin” et avait même condamné cette méthode.
Nous avons fait tous ces efforts pour bâtir une démocratie. Le moment venu, il y aura des candidats. Je crois que l’idée de préparer quelqu’un ou de… C’est un peu des méthodes proches de la monarchie ou de l’oligarchie. Les Camerounais sont assez mûrs, ils pourront le moment venu, choisir… Je crois que dans une démocratie qui fonctionne bien, le mot dauphin raisonne mal
Paul Biya
Une stratégie de Maurice Kamto pour ne pas disparaitre de la vie politique au Cameroun ?
Dans le camp du RDPC, le parti au pouvoir, la succession de gré à gré telle évoquée par l’opposant est un abus de langage. Grégoire Owona sécrétaire général adjoint du RDPC dira à cet effet dans une interview accordée au journal Sputnik.
«Parler de succession en démocratie est une escroquerie sémantique, car on ne succède pas en démocratie…le Cameroun est une démocratie qui a des institutions légitimes qui fonctionnent dans le respect de la Constitution et les mécanismes sont prévus pour accéder à la magistrature suprême. »
Sachant que le Cameroun est une démocratie et que jusqu’ici l’opposant n’a pu justifier l’origine de ses soupçons en ce qui concerne une éventuelle succession de gré à gré, l’opinion publique s’interroge sur la pertinence des propos de l’opposant et d’aucun y voit une tentative de buzz qui permettrait à Maurice Kamto d’animer la scène politique.